Association Nationale de Défense des Victimes de l'Amiante

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FINISTERE

1er janvier 2001
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ADDEVA FINISTERE


- Un département sinistré
- L’homme d’amiante
- La colère des matelassières d’Isotherma
- Tonnerre de Brest : les victimes demandent Justice, le juge répond : Prescription !


Un département sinistré

Marine marchande ou nationale, réparation navale, arsenal, pêche : la liste des victimes s’allonge. L¹ADDEVA du Finistère gère avec elles les dossiers de maladie professionnelle ou de faute inexcusable .

« Le plus gros travail de l’ADDEVA ce sont les permanences, explique Etienne Le Guilcher, le président de l’association. Organisées tous les lundis, elles voient passer entre 15 et 30 personnes à chaque fois. C’est aussi les procès. » 

Aujourd’hui le Finistère fait figure de département très touché par l¹amiante. Les secteurs de la pêche, de la marine marchande ou nationale, des réparations navales, de l’arsenal, très développés dans ce département maritime, ont été de grands utilisateurs d¹amiante.

Sur les bateaux, les chaudières, les moteurs, les collecteurs d’incendie ainsi que tout ce qui concernait la sécurité à bord étaient recouverts de matelas d¹amiante.

Un décret jamais appliqué

Il y avait des postes à risque, mais aussi des situations à risque, comme les moments d¹entretien, de démontage ou de grand carénage où tout le personnel présent à bord était exposé à l¹amiante (donc pas seulement les mécaniciens et les ajusteurs, mais aussi le bosco, l’infirmier, les marins).

Pourtant, dès 1976, le directeur de l¹arsenal avait signé un décret rendant obligatoire l’utilisation de protections en cas de contact avec l’amiante (gants, masque, ventilation nécessaire).

Le décret n’a jamais été appliqué, ni même affiché. L’ADDEVA en a eu connaissance il y a seulement deux ans, en 1999.

L’ampleur du désastre humain

Aujourd’hui, on ne peut mesurer quelle sera l’ampleur du désastre humain dans le Finistère.

Les autorités maritimes sentent à quel point la marine est touchée par la question, et ont plutôt bien reçu, en avril dernier à la préfecture maritime, une délégation de l’ADDEVA qui souhaitait saisir le ministre de la Défense.

Mais, à l’ADDEVA , les inquiétudes sont vives. Il y a toujours de l’amiante sur certains bateaux et sur les sous-marins, car, à certains endroits, aucun matériau de substitution n¹a été trouvé pour remplacer le minerai mortel. Et l’ADDEVA de rapporter un chiffre avancé par la sécurité sociale : en 2001, sur 600 dossiers de maladies professionnelles reconnues par la Sécurité sociale à Brest, 300 concernaient des maladies dues à l¹amiante. Pour la même année, mille dossiers ont été déposés à la Sécurité sociale en vue d¹une reconnaissance de maladie professionnelle liée à l¹amiante.

Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janiver 2002)


"L’Homme d’Amiante"

Sur les porte-avions, témoigne Etienne Le Guilcher, « il y avait celui qu’on appelait l¹homme d¹amiante. C¹était le gars chargé d¹aller récupérer le pilote au cas où son avion se scrachait lors d’un appontage sur le porte-avion. Il restait toute la journée dans ses vêtements d¹amiante fabriqués par l¹arsenal  : cagoule, chaussures, combinaison, gants, tout était en amiante ! »

« L’Homme d’Amiante » est aujourd’hui décédé.

Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janiver 2002)


La colère des matelassières d’Isotherma

Elles travaillaient huit heures par jour dans des ateliers pailletés de poussière d’amiante. Quatre d’entre elles, atteintes d’asbestose, ont porté plainte.

Pendant des années, elles ont pris de l¹amiante en vrac à pleines main, sans gants, sans masque de protection, pour en bourrer des sacs de toile qui servaient ensuite à isoler les moteurs, les chaudières et les autres zones de propulsion des bateaux.

Jamais informées des dangers

Les matelassières d¹Isotherma ­ société civile implantée dans le Finistère, qui fabriquait des isolants pour la Marine nationale ­ ont travaillé huit heures par jour dans des ateliers non aérés, pailletés de poussière d¹amiante qui n¹était jamais aspirée.

Jamais elles n¹ont été informées des dangers qu¹elles couraient.

Quatre d¹entre elles, aujourd’hui retraitées et atteintes d’asbestose, ont porté plainte pour faute inexcusable contre leur ancien employeur.

Lever la prescription qui protège les patrons

Le 3 décembre dernier, elles ont été déboutées par le tribunal de Brest qui a invoqué la prescription .

Présent au tribunal, ainsi qu¹une cinquantaine d¹adhérents de l’Addeva Finistère, Etienne Le Guilcher, le président de l¹association, commente le verdict : « Le tribunal de Brest a pris l’habitude de faire jouer la prescription pour la plupart des procès intentés par les victimes de l¹amiante. Nous sommes déçus par cette décision et le moral des matelassières en a pris un coup. Nous attendons maintenant la levée de la prescription (prévue vers le 20 décembre) pour relancer leurs plaintes mais aussi celles des employés de l¹arsenal de Brest » .

Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janiver 2002)


TONNERRE DE BREST !

Les victimes demandent Justice, le juge répond : Prescription !

Deux procès intentés par d¹anciens employés cette année, contre l’arsenal de Brest, se sont soldés par un nombre important de prescriptions malgré l’évidence de la faute inexcusable de l¹employeur.

10 septembre : 16 plaignants au tribunal pour une action en faute inexcusable contre l¹arsenal de Brest. Ce sont des anciens ajusteurs et mécaniciens qui travaillaient à bord des bateaux ou dans les ateliers de l¹arsenal, ainsi que la veuve d¹un ouvrier. Les victimes sont toutes atteintes d¹asbestose et ont des taux d’IPP allant de 5% à 50%, et même 90% pour l’un d’eux.

5 novembre : 5 victimes avec 5% d’IPP ont obtenu 21.000 F et 500 F pour l’article 700. Une victime avec 40% d’IPP a obtenu 380.000 F. Une veuve et son fils : 770.000 F. Pour les huit autres cas, le tribunal évoque la prescription. Un autre procès, tenu le 26 mars dernier, opposait 15 autres plaignants à l¹arsenal de Brest : 15 mécano-ajusteurs, tous atteints d¹asbestose : 13 prescriptions et deux victoires, pour deux victimes qui avaient une IPP de 5% et qui ont obtenu 210000 francs, plus 5000 francs au titre de l¹article 700.

Pour les 13 prescriptions, un nouveau procès est prévu le 6 mars en Cour d’Appel de Rennes. L¹ADDEVA du Finistère a prévu une manifestation devant le tribunal pour ce jour-là.

Article paru dans le bulletin de l’Andeva N°9 (janiver 2002)