Le Premier ministre,
Sur le rapport du ministre de la défense, du ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie et de la ministre de l'emploi et de la solidarité,
Vu le code de la sécurité sociale ;
Vu la loi no 98-1194 du 23 décembre 1998 de financement de la sécurité
sociale pour 1999, notamment l'article 41 modifié ;
Vu le décret du 28 juin 1947 relatif au régime de sécurité
sociale de certains personnels ouvriers de l'Etat ;
Vu le décret no 65-836 du 24 septembre 1965 modifié relatif au régime
des pensions des ouvriers des établissements industriels de l'Etat ;
Vu le décret no 67-99 du 31 janvier 1967 relatif à la détermination
des taux des salaires des techniciens à statut ouvrier du ministère
des armées ;
Vu le décret no 67-100 du 31 janvier 1967 relatif à la détermination
des taux des salaires des ouvriers du ministère des armées ;
Vu le décret no 67-711 du 18 août 1967 fixant les conditions d'application
du régime des pensions des ouvriers des établissements industriels
de l'Etat ;
Vu le décret no 72-154 du 24 février 1972 relatif aux congés
en cas de maladies, de maternité et d'accidents du travail dont peuvent
bénéficier certains personnels ouvriers de l'Etat mensualisés
;
Le Conseil d'Etat (section des finances) entendu,
Décrète :
Art. 1er. - Une allocation spécifique de cessation anticipée
d'activité est versée, sur leur demande, aux ouvriers de l'Etat relevant
du ministère de la défense qui sont ou ont été employés
dans des établissements ou parties d'établissements de construction
et de réparation navales de ce ministère, sous réserve qu'ils
cessent toute activité professionnelle, lorsqu'ils remplissent les conditions
suivantes :
1o Travailler ou avoir travaillé dans un des établissements ou parties
d'établissements mentionnés ci-dessus et figurant sur une liste établie
par arrêté des ministres chargés de la défense, du budget,
du travail et de la sécurité sociale, pendant des périodes fixées
dans les mêmes conditions, au cours desquelles étaient traités
l'amiante ou des matériaux contenant de l'amiante ;
2o Avoir exercé, pendant les périodes mentionnées au 1o, une
profession figurant sur une liste établie par arrêté des ministres
chargés de la défense, du budget, du travail et de la sécurité
sociale ;
3o Avoir atteint l'âge prévu à l'article 3.
Art. 2. - Ont également droit, sur leur demande, dès l'âge
de cinquante ans, à l'allocation spécifique de cessation anticipée
d'activité, les ouvriers de l'Etat relevant du ministère de la défense,
reconnus atteints d'une maladie professionnelle provoquée par l'amiante
figurant sur une liste établie par arrêté des ministres chargés
du travail et de la sécurité sociale.
Art. 3. - Pour la détermination de l'âge mentionné au
3o de l'article 1er, qui ne peut être inférieur à cinquante ans,
la limite d'âge de soixante ans est diminuée du tiers de la durée
totale d'exercice d'une profession figurant sur la liste prévue au 2o de
cet article, dans les établissements ou parties d'établissements et
pendant les périodes mentionnées au 1o du même article.
Cette durée est arrondie au nombre de jours le plus proche.
Les ouvriers de l'Etat qui, avant d'être employés dans un des établissements
ou parties d'établissements mentionnés au 1o de l'article 1er, ont
travaillé dans des établissements mentionnés au I de l'article
41 de la loi du 23 décembre 1998 susvisée et dans les conditions prévues
par ces dispositions peuvent également bénéficier, pour la détermination
de l'âge d'accès au droit à l'allocation spécifique, de
la prise en compte du tiers de la durée totale d'exercice de leur activité
dans ces établissements.
Art. 4. - La rémunération de référence, servant de
base à la détermination du montant de l'allocation spécifique,
est déterminée par la moyenne des rémunérations brutes perçues
par l'ouvrier pendant les douze derniers mois de son activité. Elle est
revalorisée dans les mêmes conditions que les salaires en application
des décrets du 31 janvier 1967 susvisés.
Pour les ouvriers de l'Etat qui, antérieurement à l'accès au
droit à l'allocation spécifique, étaient autorisés à
exercer leurs fonctions à temps partiel ou étaient placés en
congés de maladie, le montant de l'allocation spécifique est calculé
sur la base de la moyenne des rémunérations qu'ils auraient perçues
s'ils avaient travaillé à temps plein.
Le montant de l'allocation spécifique est égal à 65 % de la rémunération
de référence définie au premier alinéa du présent article.
Il est actualisé à chaque revalorisation de celle-ci.
Le montant de l'allocation spécifique ne peut être inférieur
au montant minimum de pension garanti par l'application des dispositions de
l'article 10 du décret du 24 septembre 1965 susvisé.
La période pendant laquelle un ouvrier de l'Etat perçoit l'allocation
spécifique est, par dérogation aux dispositions du I de l'article
4 de ce même décret et dans les limites prévues par son article
8, prise en compte pour la constitution de ses droits à pension.
Elle est considérée comme l'accomplissement de services effectifs.
Toutefois, pendant cette période, l'ouvrier bénéficiaire n'acquiert
aucun droit à avancement.
Art. 5. - Les ouvriers de l'Etat qui perçoivent l'allocation spécifique
de cessation anticipée d'activité continuent de bénéficier
des prestations du régime de protection sociale dont ils relevaient antérieurement.
Ces ouvriers et leurs ayants droit bénéficient des prestations en
nature des assurances maladie et maternité du régime général.
Si, postérieurement à leur admission au bénéfice de l'allocation
spécifique, des ouvriers de l'Etat sont victimes d'un accident survenu
à l'occasion de leur convocation par l'administration, ils bénéficient
alors, en application des dispositions de l'article 8 du décret du 24 février
1972 susvisé, des prestations mentionnées aux 1o, 3o et 4o de l'article
L. 431-1 du code de la sécurité sociale.
L'allocation spécifique est assujettie aux mêmes cotisations et contributions
sociales que celles prévues à l'article L. 131-2 du code de la sécurité
sociale, selon des taux fixés par arrêté des ministres chargés
de la défense, du budget, du travail et de la sécurité sociale.
La retenue pour pension n'est pas prélevée sur l'allocation spécifique,
mais fait l'objet d'un versement des cotisations employeur et salarié à
la charge de l'employeur.
Ces cotisations, calculées sur la base des éléments de la rémunération
de référence soumis à retenue pour pension, sont versées
par l'établissement qui employait l'ouvrier de l'Etat, avant sa cessation
anticipée d'activité, au fonds spécial des pensions des ouvriers
des établissements industriels de l'Etat.
Art. 6. - Pour bénéficier de l'allocation spécifique de
cessation anticipée d'activité, l'ouvrier de l'Etat formule une demande
qui est adressée à l'établissement qui l'emploie, accompagnée
des pièces justificatives nécessaires pour établir ses droits.
L'établissement employeur doit notifier sa décision dans un délai
de deux mois à compter de la date à laquelle il a reçu la totalité
des éléments nécessaires à l'instruction de la demande.
En cas de décision de rejet, la notification, effectuée par lettre
recommandée avec avis de réception, doit comporter l'indication des
voies et délais de recours.
Le droit à l'allocation spécifique est ouvert au premier jour du mois
civil suivant la date de la notification de la décision d'admission. A
compter de la date d'ouverture du droit à l'allocation spécifique
et jusqu'à son admission à la retraite, le bénéficiaire
ne peut plus occuper un emploi.
Art. 7. - L'établissement ayant employé l'ouvrier de l'Etat
avant sa cessation anticipée d'activité lui verse mensuellement et
à terme échu l'allocation spécifique.
Art. 8. - Le bénéfice de l'allocation spécifique ne peut
se cumuler ni avec une pension personnelle concédée en vertu des dispositions
du décret du 24 septembre 1965 susvisé, ni avec un revenu de remplacement
ou une allocation de préretraite versée au titre d'un régime
de base de la sécurité sociale.
Art. 9. - En cas de décès du bénéficiaire, l'allocation
spécifique cesse d'être due au premier jour du mois civil suivant
la date du décès.
Art. 10. - L'allocation spécifique cesse d'être versée
à la fin du mois au cours duquel l'ouvrier de l'Etat peut bénéficier
d'une pension de retraite à jouissance immédiate au titre du décret
du 24 septembre 1965 susvisé :
1o Dans le cas général, à l'âge de soixante ans ;
2o Avant cet âge, dès lors que l'ouvrier de l'Etat réunit les
conditions requises pour bénéficier d'une pension à taux plein,
hors majoration.
Par dérogation aux dispositions de l'article 9 du décret du 24 septembre
1965 susvisé, les émoluments de base pris en compte pour la détermination
du montant de la pension sont constitués par les éléments de
la rémunération de référence revalorisée, mentionnée
à l'article 4, soumis à retenue pour pension.
Le coefficient de majoration, prévu au I de l'article 9 du décret
du 24 septembre 1965 susvisé, dont l'ouvrier de l'Etat aurait pu bénéficier
à la date de sa cessation d'activité, lui est garanti pour la détermination
de sa pension.
Le bénéficiaire de l'allocation spécifique peut, à tout
moment, avant la cessation du versement de celle-ci, demander à être
admis à la retraite au titre des dispositions du 2o de l'article 3 du décret
du 24 septembre 1965 susvisé avec le bénéfice de la jouissance
de sa pension au titre des dispositions de l'article 13 de ce décret.
Art. 11. - Pendant la période au cours de laquelle ils bénéficient
de l'allocation spécifique, les ouvriers de l'Etat ne sont pas pris en
compte dans les effectifs du ministère de la défense. Ils ne sont
ni électeurs ni éligibles aux instances consultatives dont ils relèvent
et ne peuvent y siéger.
Art. 12. - Le versement de l'allocation spécifique n'est pas compatible
avec l'exercice d'une activité lucrative, à l'exception de celles
correspondant à la production d'oeuvres scientifiques, littéraires
et artistiques. A défaut, le service de l'allocation spécifique est
suspendu et il est procédé à la répétition des sommes
indûment perçues.
Art. 13. - Les dispositions du présent décret entrent en vigueur
le 1er janvier 2002.
Décret du 21 décembre 2001 - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, la ministre de l'emploi et de la solidarité, le ministre de la défense et la secrétaire d'Etat au budget sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 21 décembre 2001.
Lionel Jospin
Par le Premier ministre :
Le ministre de la défense,
Alain Richard
Le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie,
Laurent Fabius
La ministre de l'emploi et de la solidarité,
Elisabeth Guigou
La secrétaire d'Etat au budget,
Florence Parly