LIBERATION


Urgence pour les victimes de l'amiante
Les associations manifestaient hier contre les délais d'indemnisation.

Par CATHERINE COROLLER

Le vendredi 23 juin 2000

Des malades de l'amiante et les associations qui les défendent (1) se sont invités hier au conseil d'administration du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et autres infractions. Les manifestants reprochent à cet organisme de multiplier les procédures judiciaires pour "retarder et empêcher l'indemnisation des victimes".

Lorsqu'une personne développe une pathologie due à l'amiante, elle peut en effet présenter une demande d'indemnisation à une Civi (commission d'indemnisation des victimes d'infraction). Si la réponse est positive, le dossier sera transmis au fonds de garantie afin que celui-ci lui verse les sommes accordées par la commission.

Mais "le fonds fait systématiquement appel de la décision de la Civi", s'indignent les associations. Et si la cour d'appel confirme le jugement de première instance, "le fonds se pourvoit en cassation". Et le temps que toutes les procédures arrivent à leur terme, le malade a toutes les chances d'être décédé. "Les gens atteints d'un mésothéliome ont une espérance de vie, après le diagnostic, inférieure à un an", affirme Michel Parigot, président du Caaj (Comité antiamiante de Jussieu).

Hier, 350 personnes environ ont donc manifesté devant l'immeuble du fonds, et une délégation a été reçue par les administrateurs. "Dans la délégation, il y avait une personne atteinte d'un cancer, raconte François Desriaux. On a amené la réalité dans le conseil d'administration. Habituellement, les victimes sont pour eux une donnée abstraite." "On a bien vu à leurs mimiques que certains administrateurs étaient troublés", continue Michel Parigot. Reste à savoir si cette visite aura des suites favorables.

Hier, les manifestants ont également écrit à Lionel Jospin pour lui demander de prendre "d'urgence toutes les mesures nécessaires pour améliorer réellement la réparation des victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles". Comme le conseil d'administration avait pris du retard, il s'est poursuivi dans la soirée et les administrateurs n'ont pas pu commenter la visite qui leur avait été faite.

(1) Andeva (Association nationale de défense des victimes de l'amiante), Fnath (Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés),

Caaj (Comité antiamiante Jussieu)
et FMF (Fédération des mutuelles de France).