DOSSIER DE PRESSE

ANDEVA - FNATH - FMF - CAAJ

22 juin 2000

 

 

ANDEVA

Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante

22, rue des Vignerons

94686 VINCENNES Cedex

Tél. 01 41 93 49 22 – Fax 01 41 93 4923

FNATH

Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés

38, bd Saint Jacques

75014 PARIS

Tél. 01 45 35 00 77 – Fax 01 45 35 24 54

Comité Anti-Amiante Jussieu

Case 7012

Université Paris 7

2, place JUSsieu

75251 PARIS Cedex 05

Tél. 01.44 .27.83.28 - Fax. 01.44.27.83.29

FMF

Fédérations des Mutuelles de France

3-5, rue de Vincennes

93100 MONTREUIL

 


 

 

ANDEVA

Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante

FNATH

Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés

Comité Anti Amiante Jussieu

FMF

Fédération des Mutuelles de France

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Jeudi 22 juin 2000

 

 

LES VICTIMES DE L’AMIANTE MANIFESTENT CET APRES MIDI DEVANT LE FONDS DE GARANTIE

 

Plusieurs centaines de victimes de l’amiante se rassemblent à 14h30 au Fonds de garantie des victimes d’infraction, 64 rue DEFRANCE à Vincennes (94), pendant le Conseil d’administration de cet organisme.

A l’appel de l’ANDEVA (Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante), de la FNATH (Fédération Nationale des Accidentés du Travail et des Handicapés), du Comité anti-amiante Jussieu et de la FMF (Fédération des Mutuelles de France), les victimes veulent faire part de leur indignation face à l’attitude scandaleuse du Fonds de garantie qui multiplie les procédures judiciaires pour retarder et empêcher l’indemnisation des victimes.

Ainsi, le Fonds de garantie, qui est administré majoritairement par des membres nommés par différents ministères, refuse d’accorder aux victimes l’indemnisation octroyée par les tribunaux de grande instance, via les CIVI (commission d’indemnisation des victimes d’infraction). Le Fonds fait systématiquement appel des décisions de ces CIVI, alors que celles-ci se prononcent généralement en faveur de l’indemnisation des victimes, et lorsque les Cours d’appel confirment les jugements de première instance, le Fonds se pourvoit en cassation.

Dernièrement, à la suite de décisions favorables de la CIVI de Cherbourg, concernant cinq victimes de l’amiante, le Fonds de garantie s’oppose à l’exécution provisoire du jugement. Il vient de saisir, à cet effet, le premier Président de la Cour d’appel de Caen et ce en dehors des délais légaux.

Les organisations citées ci-dessus et les victimes déplorent que le Fonds de garantie s’obstine à considérer que l’indemnisation des victimes de l’amiante ne relève pas de sa vocation, contrairement à qui est établi par la jurisprudence. Elles déplorent également que le Fonds préfère rendre les victimes de l’amiante otages de leurs procédures plutôt que d’engager des actions récursoires contre ceux qui ont commis les infractions pénales.

L’ANDEVA, la FNATH, le Comité anti-amiante de Jussieu et la FMF exigent de pouvoir se faire entendre par le Conseil d’administration du Fonds. Elles ont également adressé un courrier au Premier ministre pour lui demander d’intervenir auprès du Fonds de garantie pour que cessent ces pratiques. Elles souhaitent enfin une amélioration du système de réparation des maladies professionnelles.


 

Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante (ANDEVA)

Fédération Nationale de Accidentés du Travail et des Handicapés (FNATH)

Comité Anti-Amiante Jussieu (CAAJ)

Fédération des Mutuelles de France (FMF)

 

Paris le 22 juin 2000

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les administrateurs du Fonds de garantie,

 

Par courrier en date du 5 juin dernier, nous vous avons fait part de notre émotion et de notre indignation à propos de votre décision de demander la consignation des sommes devant être versées dans le cadre de l’exécution provisoire d’un jugement de la CIVI de Cherbourg concernant des victimes de l’amiante. Depuis, non seulement, vous n’avez pas daigné répondre à notre lettre, mais nous venons d’apprendre par nos avocats que vous aviez saisi le premier Président de la Cour d’appel de Caen afin d’engager une action en défense à exécution provisoire. Et ce en dehors des délais légaux puisque vous auriez dû régler ces sommes aux victimes ou à leur famille au plus tard un mois après cette décision.

A l’évidence, vous persistez donc dans votre attitude de mépris à l’égard des victimes de l’amiante.

Vous faites preuve également d’une obstination certaine à considérer que le Fonds de garantie n’a pas vocation à indemniser les victimes de cette catastrophe sanitaire, alors que la jurisprudence établit le contraire et que les nombreuses décisions intervenues depuis un an, en première instance comme en appel, contredisent votre analyse.

Vous préférez rendre des victimes de l’amiante otages de vos procédures plutôt que d’engager des actions récursoires contre ceux qui ont commis les infractions pénales admises maintenant par la majorité des tribunaux.

Aussi, face à votre entêtement qui pénalise des familles entières, face à cette injustice supplémentaire à l’égard des victimes de l’amiante dont vous portez l’entière responsabilité, l’ANDEVA et la FNATH ont appelé leurs adhérents frappés par votre acharnement procédurier à venir se faire entendre. Ici.

Nous vous demandons solennellement de recevoir une délégation de nos organisations afin que nous puissions au moins faire valoir nos arguments.

Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les administrateurs, l’expression de nos sincères salutations.

 

François DESRIAUX Président de l’ANDEVA

Marcel ROYEZ Secrétaire général de la FNATH

Michel PARIGOT Président du CAAJ

Marc ZAMICHIEI FMF

 


POURQUOI MANIFESTER CONTRE LE FONDS DE GARANTIE ?

 

Le chemin long et douloureux des victimes de l’amiante pour obtenir une juste indemnisation rencontre aujourd’hui un nouvel obstacle.

Des décisions de justice favorables aux victimes et ordonnant une indemnisation sont bafouées par l’organisme chargé de les exécuter : le Fonds de Garantie (des victimes d’actes de terrorisme et autres infractions).

Forcés par la justice (CIVI) à verser des indemnisations, les administrateurs de ce Fonds ont adopté une étrange attitude :

1 – La Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infraction (CIVI) 

La Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infraction (CIVI) est un Tribunal civil composé de deux Magistrats professionnels et d’un assesseur, qui s’est " signalé par l’intérêt qu’il porte aux problèmes des victimes ".

Le Procureur de la République est également amené à intervenir pour faire connaître à la Commission son avis sur l’application de la Loi.

Il y a une CIVI auprès de chaque Tribunal de Grande Instance.

Pour pouvoir être indemnisée par cette juridiction, la victime doit démontrer l’existence d’un préjudice résultant " de faits volontaires ou non qui présentent le caractère matériel d’une infraction ".

La Commission d’Indemnisation est autonome par rapport aux juridictions pénales. La victime n’est pas obligée d’attendre, pour présenter une demande, l’issue de la procédure pénale, parfois très longue.

La Commission n’a pas non plus à se prononcer sur le caractère volontaire ou involontaire de l’infraction ni même à désigner les coupables. Il lui suffit d’admettre le caractère délinquant des faits à l’origine de la lésion présentée par la victime.

Les sommes accordées par la CIVI sont versées par le FONDS DE GARANTIE dont le siège est situé 64 Rue Defrance 94330 VINCENNES.

Le FONDS DE GARANTIE est lui-même financé par une contribution assise sur les primes aux cotisations des contrats d’assurances de biens (actuellement 20 F. par contrat d’assurance).

2 – Les indemnisations

Lorsque le caractère matériel des infractions est reconnu par les juges, la CIVI accorde l’indemnisation de la totalité du préjudice subi par la victime. Il s’agit donc d’une réparation intégrale. Ainsi, elle peut réparer les pertes de salaire pendant l’arrêt de travail, les frais médicaux non remboursés, l’incapacité permanente partielle. Elle indemnise aussi l’ensemble des préjudices personnels (souffrances physiques et morales, préjudice esthétique, préjudice d’agrément, etc...).

La Commission doit cependant tenir compte des prestations versées par les organismes de Sécurité Sociale.

 

3 – Pourquoi saisir la CIVI ?

- En premier lieu, certaines victimes n’ont pas la possibilité d’agir en faute inexcusable de l’employeur.

C’est notamment le cas des fonctionnaires. C’est la raison pour laquelle les personnels de JUSSIEU, les marins de la Marine Nationale, etc. ont saisi la CIVI.

- Par ailleurs, cette procédure est souvent la seule possible pour les victimes dont la carrière professionnelle s’est déroulée au sein de nombreuses entreprises. Dans ce cas, il est très difficile de reconstituer les conditions de travail au sein de chacune de ces entreprises et de démontrer une faute " d’une gravité exceptionnelle ".

- De surcroît, certains malades de l’amiante ont été employés par des artisans. Il est alors difficile de soutenir que ces petits employeurs avaient une connaissance très précise des risques provoqués par l’inhalation des poussières d’amiante.

- Enfin, la procédure engagée devant la Commission d’Indemnisation des Victimes d’Infraction permet de rechercher des infractions non seulement chez les employeurs des victimes mais également de pointer les fautes des industriels de l’amiante (ceux qui ont vendu le matériau), des organismes de veille sanitaire et de l’Etat en ce qu’il a tardé à réglementer.

4 – Les décisions de justice

Des victimes de l’amiante se sont vu reconnaître par les Commissions d’indemnisation des Victimes d’Infractions Pénales (CHERBOURG, DUNKERQUE, ABBEVILLE, BREST.) et systématiquement par les Cours d’Appel, lorsque celles-ci ont été saisies (CAEN, RE NNES, DOUAI) un droit à indemnisation par le Fond de Garantie dans la mesure où ces juridictions ont constaté qu’à l’origine de leur contamination existaient les éléments matériels d’une infraction pénale.

Cette procédure rapide permet à des victimes dont la santé est gravement atteinte et la vie parfois en danger d’obtenir la reconnaissance de la faute sans qu’il soit nécessaire de rechercher individuellement les responsables ainsi qu’une indemnisation dans des conditions décentes.

Elles n’ont ainsi pas à subir en plus des maladies qui les frappent les longueurs et les difficultés de procédures pénales ayant à déterminer les différents niveaux de responsabilité pour des contaminations dont l’origine remonte le plus souvent à plusieurs dizaines d’années.

Le Fond de Garantie chargé de faire l’avance des indemnisations a alors la possibilité de se substituer aux victimes pour obtenir des responsables le remboursement des sommes qu’il a avancé aux victimes.

Conçu pour venir en aide aux victimes et pour leur apporter une assistance rapide, les décisions de la Commission étaient auparavant insusceptibles d’appel.

Celui-ci est possible depuis 1992.

Toutefois, lorsque la décision est exécutoire, le Fond de Garantie doit payer dans le délai d’un mois.

5- Le cas du jugement de Cherbourg

Tenant compte de la situation particulière des 5 victimes (voir ci-dessous) la Commission d’Indemnisation des Victimes de Cherbourg a alloué aux victimes l’indemnisation de leur préjudice, a rappelé l’obligation de l’article R 50-24 concernant le paiement dans le délai d’un mois et a prononcé l’exécution provisoire de la décision.

Le Fond de Garantie qui a interjeté appel a méconnu les dispositions du jugement de Cherbourg en ne réglant pas dans le délai d’un mois et a saisi tardivement (35 jours après la notification du jugement) le Premier Président de la Cour d’Appel de Caen en lui demandant, soit d’arrêter l’exécution provisoire, soit d’autoriser le Fond à consigner les sommes mises à sa charge, les victimes pouvant " s’avérer être dans l’incapacité de restituer les sommes perçues. " C’est sans doute la première fois que le Fond de Garantie qui a systématiquement utilisé toutes les voies de recours, jusqu’à la Cour de Cassation contre toutes les victimes de l’amiante, ose méconnaître les dispositions d’un jugement et demander , d’ailleurs hors délai, au Premier Président d’une Cour d’Appel, de la dispenser d’une obligation, qu’il a, sans attendre cette autorisation, méconnu.

Ainsi, le Fonds de Garantie au lieu d’exercer les actions récursoires lui permettant de récupérer auprès des responsables de la contamination des sommes qu’il doit avancer, poursuit avec acharnement une attitude agressive à l’égard des victimes au mépris de la mission qui lui a été confiée par les pouvoirs publics, au mépris également de l’institution judiciaire dont il bafoue les décisions avant de songer à lui demander d’en modifier les termes.


ANNEXE : LA SITUATION DES CINQ PERSONNES CONCERNEES

PAR LE JUGEMENT DE LA CIVI DE CHERBOURG