Comité anti-amiante Jussieu / ANDEVA
COMMUNIQUE DE PRESSE
Mercredi 16 novembre 2005
Combien de temps encore va-t-on supporter que la réglementation censée protéger la santé et la sécurité des salariés ne soit pas appliquée ? Cette question essentielle, nous sommes en droit de la poser aujourd'hui au ministre délégué au Travail, après qu'il ait présenté ce matin, le bilan de la campagne 2005 de contrôle des chantiers de désamiantage.
Après avoir constaté que 67% des chantiers ne respectaient pas entièrement la réglementation, le ministre a indiqué qu'il restait « plus que jamais déterminé à faire respecter la réglementation sur les chantiers de désamiantage » et que cette détermination se traduirait aussi par « le renforcement de la réglementation ».
Si l'ANDEVA et Comité Anti-Amiante Jussieu se félicitent de cette détermination du ministre, les deux associations espèrent que cette fois celle-ci se traduira dans les actes. Car il faut rappeler qu'une première campagne avait été menée en 2004 et qu'elle avait conduit au même constat. Or, entre 2004 et 2005, aucune amélioration significative de la situation n'a été enregistrée!
Le bilan de la campagne 2005 indique que dans 66% des chantiers de retrait d'amiante friable, il n'est pas fait usage des équipements de protection respiratoires à adduction d'air, pourtant obligatoires, et que 44% des chantiers ne se font pas à l'humide, seule technique permettant de limiter l'empoussièrement en zone de travail. Il s'agit là d'infractions majeures à la réglementation aux conséquences graves pour la santé ! Quand on n'abaisse pas suffisamment l'empoussièrement en zone et qu'on n'utilise pas les protections respiratoires adéquates, cela signifie concrètement que les ouvriers concernés peuvent inhaler des quantités d'amiante considérables. Cette situation est inadmissible et il est incompréhensible qu'il n'y soit pas mis fin immédiatement. Une telle situation dans d'autres domaines de la santé publique paraît inconcevable.
L'ANDEVA et Comité Anti-Amiante Jussieu considèrent qu'on ne peut pas faire deux ans de suite le même constat accablant quand on a les moyens de résoudre les problèmes. Que l'inspection du travail manque d'effectifs et de compétence est une évidence, mais cela ne saurait en aucun cas justifier la pérennisation de la situation. Les entreprises effectuant le retrait de l'amiante sont des entreprises répertoriées disposant d'une qualification spécifique. Ces entreprises sont peu nombreuses, une centaine environ. Il n'y a donc aucune difficulté à les contrôler: il suffirait de quelques inspecteurs ou contrôleurs du travail spécialisés. Qu'attend l'Etat pour passer à l'acte ?
Tant qu'un contrôle spécifique et systématique ne sera pas mis en place par l'Etat, la réglementation ne sera pas appliquée car nous sommes dans un domaine où la sécurité a un coût. Pour remporter un marché, les entreprises sont amenées à casser les prix et donc à abaisser le niveau de sécurité du chantier. Sans contrôle, ce sont nécessairement celles qui ne respectent pas la sécurité qui emportent les marchés.
L'ANDEVA et Comité Anti-Amiante Jussieu demandent au ministre de les recevoir rapidement afin d'examiner les mesures à mettre en place immédiatement pour assurer le strict respect de la réglementation sur les chantiers de désamiantage. On ne peut accepter plus longtemps les contaminations à l'amiante aujourd'hui qui donneront les cancers de demain.