«Une visite de plus de 3 heures, vous trouvez que ça fait long ? Vous aurez les godasses salies par les poussières de graphite, vous mourrez de chaud devant les fours, vous respirerez parfois des odeurs assez éloignées de celle de la lavande et pourtant vous en redemanderez encore : de l'industrie lourde comme on l'aime au " Tourisme Alternatif ".»
Le site Internet de Sollac, filiale de Usinor-Sacilor, entreprise sidérurgique installée sur le site de Fos (Bouches-du-Rhône), promet des émotions fortes aux visiteurs. Mais aux 3500 salariés de Sollac et aux 2000 employés des entreprises sous-traitantes, le géant de la sidérurgie demande de travailler et de ne pas être malades, ou de ne pas le montrer.
Depuis cette création récente, 70 victimes se sont déjà signalées à l¹association, et 40 ont y adhéré. La plupart sont atteintes de plaques pleurales et d’asbestose et quelques-uns de mésothéliome ou de cancer broncho-pulmonaire.
Sur les 20 dossiers en cours en justice (pour faute inexcusable de l¹employeur) 15 sont de Sollac, 5 viennent d¹entreprises sous-traitantes. Les premiers procès auront lieu en février et mars 2002. A chaque procès, l¹ADEVA appellera les victimes et les gens concernés à manifester.
Christian Puccio, le président de l’association, pointe l'attitude de la direction de Sollac qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans la contamination de ses salariés par l¹amiante. «Nous lui avons demandé, dans le cadre du suivi post-professionnel, qu'elle contacte tous les anciens salariés pour vérifier qu¹ils ne sont pas contaminés. La direction a refusé. Or, dans les années 70 et 80, les ouvriers de Sollac ont été en contact avec l¹amiante à toutes les étapes de la production puisqu¹il y a du chaud partout dans le circuit de fabrication et de laminage de l¹acier et que toute la chaîne du chaud était protégée par de l¹amiante jusqu¹au début des années 90. Les toiles qui protégeaient des éclats étaient en amiante, les produits réfractaires aussi, tous les ouvriers de la production avaient des combinaisons en amiante (comprenant des masques à air en amiante également!) au moins jusqu'en 1992.»
Au sein de l’entreprise, le collectif amiante CGT est intervenu pour sensibiliser le personnel. Il a participé à la création de l’ADEVA. Le CHSCT a demandé que l'on établisse une cartographie des risques passés et présents liés à l¹amiante. Là encore, ils se sont heurtés au refus de la direction.
Les interventions de l’ADEVA ont aussi lieu auprès de la Sécurité sociale, notamment pour les travailleurs étrangers dont le dossier se trouve inexplicablement en attente. «On peut dire que la Sécurité sociale fait vraiment traîner leur dossier, constate Christian Puccio. Les travailleurs immigrés ont souvent été les plus exposés, et pas seulement à l¹amiante et ce sont eux qui ont le plus de mal à faire reconnaître leur dossier de maladie professionnelle. Ils ont été placés aux postes qui présentaient le plus de risques et se retrouvent non seulement contaminés par l¹amiante mais aussi victimes de lombalgies, dorsalgies, problèmes aigus de surdité, etc. Leur situation est vraiment critique. »
L'apparition des maladies dues à l'amiante a provoqué une prise de conscience, un changement des mentalités face au risque dans le travail : «Avant, on préférait se battre pour une prime de risque pour empoussiérage. Aujourd'hui, quand certains gars se plaignent, on répond qu¹on va se battre pour supprimer le risque.»
Maison pour tous. 13270 Fos-sur-Mer.
Christian Puccio 04 42 05 32 67 ou 04 42 05 05 83
Un local a été attribué par la mairie d'Istres : Maison des associations, chemin de Tartugne. 13800 ISTRES
Article paru dans le bulletin de l'Andeva N°9 (janiver 2002)