La guerre entre les victimes de l’amiante et l’industrie continue

  • Guerre juridique : Des procès engagés par les victimes contre les industriels de l’amiante ont lieu en France, en Belgique, au Canada, mais aussi en Australie, au Japon, en Afrique du Sud…

    Au Brésil, un ancien travailleur d’Eternit atteint d’asbestose a gagné son procès contre la firme (dont Saint Gobain détient 20%). Sa réaction ne s’est pas fait attendre: elle a porté plainte au pénal contre Fernanda Giannasi (inspecteur du travail et coordinatrice de l’Association Brésilienne des Exposés à l’Amiante) pour diffamation. Eternit avait cherché à passer avec ses ex-salariés des accords à l’amiable échangeant d’éventuelles compensations financières contre un engagement à ne pas se pourvoir en justice. Fernanda Giannasi a dénoncé ces pratiques dans un texte par Internet. Une campagne internationale à laquelle l’ANDEVA a participé l’a soutenue. Le juge brésilien a débouté Eternit de sa plainte.

  • Guerre médico scientifique: Alors que Julian Peto, épidémiologiste de renommée mondiale, publie en février 1999, dans une revue prestigieuse un article montrant l’ampleur de l’épidémie de cancers liés à l’amiante en Europe dans les trente prochaines années, l’OMS – à l’instigation de l’Institut de l’Amiante canadien – publie un rapport en faveur de " l’usage contrôlé " de l’amiante, sans tenir compte des avis contraires de spécialistes sur la validité de ce rapport.

  • Guerre néo-libérale: Le Canada, premier producteur mondial, a déposé plainte contre la France devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), pour entrave à la liberté des échanges commerciaux, du fait de l’interdiction de l’amiante en France… Cette plainte, considéfée comme recevable par les instances de l’OMC, est en cours d’instruction. Le Brésil (à l’instigation des firmes européennes Saint-Gobain et Eternit) et le Zimbabwe, pays producteur d’amiante, soutiennent la plainte canadienne.

    C’est dire que la mobilisation des associations, qui vient d’obtenir l’interdiction de l’amiante en Europe, demeure fondamentale face au risque d’une éventuelle condamnation.

    Article paru dans le bulletin de l'Andeva N°5 (juin 1999)



    L’Amiante interdit dans toute l’Europe au 1er janvier 2005

    C’est une victoire du Réseau international Ban Asbestos et des associations de lutte contre l’amiante des différents pays de l’Union Européenne

    Le 4 mai 99, la Commission des Communautés Européennes a adopté une directive interdisant la mise sur le marché et l’utilisation des fibres d’amiante qui étaient encore autorisées dans certains pays, notamment le chrysotile. Tous les pays de l’U.E. devront avoir transposé cette directive en droit national avant le 1er janvier 2005.

    Cette directive constitue une étape très importante. Mais ce n’est qu’une étape car elle n’empêche pas que des firmes européennes - Saint-Gobain et Eternit – continuent à produire et à vendre de l’amiante sur d’autres continents, en particulier en Amérique Latine et en Asie. Cette stratégie de double standard – "  ce qui est mauvais pour nous est bon pour vous " - est inacceptable quand on sait les terribles conséquences qui vont en résulter. Le Brésil, " pays d’accueil " de Saint-Gobain et Eternit, commence à voir apparaître les mésothéliomes liés aux expositions des années 60-70, dates d’implantation des firmes européennes au Brésil. Tandis que l’Europe interdit l’amiante, les représentants de l’industrie européenne au Brésil – via une Commission Permanente de l’Amiante (le CPA brésilien) - persistent à affirmer par voie de presse que l’usage de l’amiante sans risque est possible…

    Ban Asbestos continue son action pour une interdiction mondiale de l’amiante et la condamnation des industriels qui perpétuent ce commerce mortifère.


    Pour adhérer à Ban asbestos
    écrire à Patrick Herman,
    Aigues, 12230 NANT

    Article paru dans le bulletin de l'Andeva N°5 (juin 1999)



    Le coût humain de l’utilisation amiante

    Plus de 500.000 décès en Europe de l’Ouest pour les 30 ans à venir

    Une étude de l’épidémiologiste anglais J. Peto, et d’autres chercheurs révèle que d’ici une trentaine d’années environ 250.000 hommes mourront de mésothéliome dans l’Europe de l’Ouest, suite à une exposition à l’amiante.

    A noter que ce chiffre ne concerne que les hommes. Il faut y ajouter 35 à 40.000 décès supplémentaires chez les femmes, les mésothéliomes du péritoine (qui ne sont pris en compte qu’en Grande Bretagne), et enfin les mésothéliomes à venir chez les hommes nés après 1955 (non retenus dans cette étude).

    Le nombre de mésothéliomes dans l’Europe de l’Ouest de 1995 à 2029 dépassera donc sans doute nettement les 300.000.

    Aux décès par mésothéliomes s’ajouteront au moins autant de décès par cancer du poumon dû à l’amiante (hypothèse basse), et les décès par asbestose (non pris en compte).

    Au total, le bilan sur 35 ans dépassera sans doute 600.000 décès.

    L’étude montre que la tranche d’âge la plus touchée sera celle des hommes nés entre 1945 et 1950 (environ 1 homme sur 150).

    Pour la plupart des pays le pic prévu dans l’épidémie de mésothéliomes est attendu dans les années 2015-2019 (en France, il est prévu de l’ordre de 1550 décès par an). Aux USA par contre, où des procès ont fait reculer l’usage de l’amiante dès la fin des années 70, c’est maintenant que ce pic survient.

    Ainsi il y aura 15 à 20 ans d’écart entre USA et Europe de l’Ouest… Des responsables auront à répondre de ce décalage !

    Dans les pays du Tiers Monde où le tonnage d’amiante importé continue d’augmenter, c’est très probablement plus d’un million de morts qui seront dans les 50 ans à venir à mettre au compte des producteurs d’amiante tels Saint Gobain qui continuent à exporter leur poison vers ces contrées.

    Article paru dans le bulletin de l'Andeva N°5 (juin 1999)