Le désamiantage est une nécessité incontournable dans de nombreux bâtiments pour y éliminer définitivement le risque amiante. Il existe des techniques qui permettent de désamianter sans polluer. Mais un désamiantage mal fait peut provoquer des niveaux de pollution très importants.
Les conditions dans lesquelles se déroule le retrait de l’amiante laissent encore trop souvent à désirer.
Des échos nous parviennent de divers chantiers de déflocage faisant état de graves manquements à la sécurité :
Il est plus que jamais nécessaire de rappeler que les E.P.I. avec adduction d’air comprimé ne protègent pas suffisamment les opérateurs si la concentration d’amiante dans l’air du chantier dépasse 25 fibres par cm3, et 5 fibres par cm3 dans le cas des EPI à ventilation assistée. Or ces concentrations sont toujours dépassées dans le cas des chantiers d’enlèvement à sec, où les déchets tombent et s’entassent à terre.
Il est impératif d’imposer un mode d’enlèvement à 2 opérateurs, l’un grattant ou brossant le revêtement fortement humidifié, l’autre étant en quelque sorte un conducteur de sac veillant à ce que les déchets y tombent directement, pratique courante en Suisse par exemple.
Les CHSCT et les délégués du personnel doivent intervenir le plus en amont possible avant le début du chantier (plan de retrait, plan de prévention). Ils doivent user de tous les moyens (registre de danger imminent, droit de retrait, arrêt de chantier par l’inspecteur du travail, expertise, appel aux CRAM) pour imposer que la sécurité soit respectée. Mais les interventions au cas par cas ne suffiront pas.
Avec la multiplication des sociétés habilitées à faire du désamiantage, il y a aujourd’hui un risque évident de dérive conduisant à baisser les coûts au détriment de la sécurité.
Il apparaît donc nécessaire que le Ministère du travail réunisse préventeurs, formateurs, employeurs, inspecteurs du travail, associations, syndicats, etc. pour discuter des améliorations à apporter à la situation actuelle, en particulier pour la formation des opérateurs par des organismes indépendants et pour renforcer le contrôle des chantiers.
L’invitation devrait s’étendre à des collègues étrangers (suisses, allemands et anglais)
Article paru dans le bulletin de l'Andeva N°5 (juin 1999)