ALERT

Association pour l’Étude des Risques du Travail


L’ALERT, association du type loi de 1901, a été créée le 14 avril 1987 par un collectif de spécialistes de la santé au travail, qui ont eu en commun d’avoir participé à la rédaction du livre " Les Risques du Travail " et d’avoir proposé une charte fondatrice de leur mouvement.

L’Association a travaillé sur plusieurs dossiers, notamment :

Comme l’indique la Charte qui fixe en même temps les objectifs poursuivis, l’Association cherche à réunir les spécialistes qui ressentent le besoin de réfléchir et de faire avancer le débat concernant la transformation des conditions et de l’organisation du travail pour améliorer la santé au travail.

L’ALERT part de la santé des travailleurs, du constat des insuffisances, des retards dans ce qui concourt à la prévention et à la réparation et s’appuie sur les données scientifiques disponibles pour rendre visibles les éléments essentiels d’un débat qui ne doit pas être confiné aux seuls spécialistes, ceci dans trois directions principales :



CHARTE DE L’ASSOCIATION POUR L’ETUDE DES RISQUES DU TRAVAIL

ALERT

Un certain nombre de constats s’imposent pour tout observateur s’intéressant aux risques du travail dans la société française d’aujourd’hui. sans vouloir en faire une liste exhaustive, on doit cependant souligner les points suivants :

La comparaison avec les pays nordiques fait ressortir qu’il faut sans doute multiplier au moins par 10 le nombre annuel des maladies professionnelles (de l’ordre de 6000) reconnues en France par les divers régimes de sécurité sociale pour avoir une première approche de la réalité.

Cette sous-estimation par les statistiques de la sécurité sociale tient à plusieurs facteurs. Le système français de tableaux des maladies professionnelles est – par définition – limitatif, et les tableaux concernant les affections provoquées ne couvrent qu’une faible partie des risques réels (listes limitatives des maladies et des travaux). La byssinose, reconnue en Grande - Bretagne depuis 1941, n’apparaît toujours pas en tant que telle dans un tableau. Le caractère professionnel des lombalgies qui atteignent un grand nombre de travailleurs n’est toujours pas reconnu. En matière de cancers professionnels, moins d’une centaine sont reconnus annuellement, alors qu’en s’en tenant à une hypothèse basse, de l’ordre de 4% de tous les cancers, il y aurait environ 9000 cas de cancers d’origine professionnelle par an. Par ailleurs, le processus de reconnaissance fonctionne essentiellement – sauf cas particuliers – comme un système de rejet avec des mécanismes de blocage, variables selon les Caisses concernées.

Des atteintes moins différenciées ou cumulatives, liées en particulier aux formes d’organisation du travail, peuvent conduire à des formes de souffrance psychique ou à un " vieillissement " précoce. Elles ne sont prises en compte ni dans le système de réparation, ni dans le débat sur l’adoption des mesures de prévention.

Il est probable que les atteinte à la santé liées aux conditions et à l’organisation du travail jouent pour une part importante dans les différences d’espérance de vie en fonction des catégories socio-professionnelles, telles qu’elle sont mises en évidence par les études des démographes.

Les ingénieurs qui conçoivent les processus de fabrication n’ont en général, aucune formation en ergonomie et en toxicologie. Le système des valeurs limites d’exposition est encore peu développé et la grande majorité de ces valeurs n’est donnée qu’à titre indicatif. Quant à la surveillance des expositions aux toxiques et aux nuisances physiques, elle est – sauf exception – insignifiante par rapport aux besoins. Un des exemples dramatiques qui illustre la faiblesse de la prévention est celui de la silicose. Actuellement, il y a 43.000 cas de silicoses reconnus en France, le nombre de cas réels étant sans doute beaucoup plus élevé. Après de longues années de souffrance, 800 à 1000 personnes meurent chaque année des suites de cette maladie professionnelle. Or, tout le monde le sait, l’incidence de la silicose peut régresser considérablement si l’on prend les mesures de prévention nécessaires. D’autres pays l’on fait et la Suède par exemple, a obtenu des succès indéniables dans cette voie.

La représentation française dans les congrès internationaux est la plupart du temps purement symbolique et toujours très inférieure à celle des pays nordiques et anglo-saxons, ou encore à celle de l’Italie.

Quelques rares équipes font de la toxicologie industrielle en matière d’épidémiologie des risques professionnels, les moyens sont nettement insuffisants et les équipes concernées continuent à se heurter à des difficultés considérables pour accéder aux informations, difficultés qui tiennent à l’attitude de nombreuses entreprises et au système français d’enregistrement des causes de décès.

En matière de formation des médecins et des spécialistes d’hygiène et de sécurité du travail, les lacunes restent considérables.

Dans l’entreprise, les salariés ne parviennent pas – en général – à obtenir des données précises à la fois sur les nuisances propres à leur lieu de travail et sur les effets qu’elles entraînent pour leur santé. Même dans les CHSCT, les représentants des travailleurs rencontrent les plus grandes difficultés pour lutter efficacement contre les maladies liées au travail.

Une masse considérable d’informations médicales et scientifiques existe au niveau international. Confinée dans les milieux spécialisés, elle reste, pour l’essentiel, difficilement accessible aux salariés exposés aux risques.

Par ailleurs la connaissance des risques accumulée par les travailleurs grâce à leur expérience professionnelle reste le plus souvent restreinte au niveau d’un individu ou au mieux d’un atelier, sans possibilité de diffusion large ni d’influence directe sur les systèmes de prévention et de réparation.

En matière d’information, le livre " Les risques du travail " a répondu à une attente. Dans tous les milieux concernés, son impact a été incontestable et les données sur lesquelles il repose incontestées.

L’ALERT (Association pour l’Etude des Risques du Travail) s’inscrit dans cette démarche et se propose de rassembler toutes les personnes en accord avec les constats ci-dessus et les objectifs qui en découlent, à savoir :

L’Association est ouverte à tous les spécialistes qui, par leurs pratiques professionnelles et/ou sociales, sont impliqués dans le champ des risques du travail et qui, partageant les constats ci-dessus, ressentent le besoin de réfléchir à leur propre pratique, le besoin de s’exprimer collectivement dans le débat concernant la transformation des conditions et de l’organisation du travail.