Bruxelles, le 21 novembre 2002
Chers amis,
Depuis des années, la CES se bat pour une interdiction totale de l'amiante
en Europe et dans le reste du monde. Dans ce combat, le rôle des victimes
et la création d'associations qui les représentent jouent un
rôle positif et important.
La directive européenne de 1999 qui interdit finalement toute nouvelle utilisation de l'amiante à partir de 2005 a constitué une victoire importante. Actuellement, nous nous efforçons d'obtenir des améliorations significatives en ce qui concerne la réglementation européenne concernant les travailleurs qui continuent à être exposés à l'amiante dans des chantiers de désamiantage, des travaux d'entretien ou de démolition.
La propagande du lobby des industries de l'amiante sur l'usage contrôlé et inoffensif de cette substance a malheureusement retardé pendant longtemps l'interdiction de l'amiante. Un quart de siècle au moins a été perdu par rapport aux données scientifiques disponibles et ce retard a provoqué et continuera à provoquer dans les années qui viennent d'énormes souffrances humaines sous la forme de maladies souvent mortelles.
Au-delà de ces souffrances humaines, c'est un véritable problème de santé public d'une extrême gravité qui a été créé, Dans les pays industrialisés, il y a plus de décès provoqués par une exposition professionnelle à l'amiante que d'accidents de travail mortels.
La justice la plus élémentaire exige que des compensations économiques soient apportées aux victimes et à leurs familles et que des poursuites soient engagées contre les responsables de ce drame.
C'est pourquoi, la CES se bat pour que la liste européenne des maladies professionnelles reprenne le cancer du poumon et le cancer du larynx provoqués par une exposition à l'amiante et ne se limite pas au mésothéliome et à l'asbestose comme c'est le cas actuellement. Notre proposition se heurte à une résistance très forte du patronat alors même que dans la majorité des pays de l'Union Européenne le patronat a bien dû accepter la reconnaissance de ces maladies.
La CES estime que toutes les victimes et leurs familles ont droit à une compensation financière qui bien entendu ne permettra jamais de réparer les souffrances irréparables mais contribuera à une meilleure qualité de la vie des victimes. Le combat que mène 1'ANDEVA en France s'inscrit dans cette perspective et nous nous réjouissons du succès de vos mobilisations.
Nous voudrions enfin souligner que les entreprises ne doivent pas se limiter à indemniser les victimes de l'amiante en Europe.
La plupart des entreprises comme Eternit, Saint-Gobain ou Cape ltc qui ont travaillé avec de l'amiante en Europe ont également des activités en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Dans ces pays, elles se refusent obstinément à assumer leurs responsabilités et, lorsqu'elles ont fermé leurs établissements comme c'est le cas en Afrique du Sud, elles laissent derrière elles un immense désastre : des milliers de victimes qui vivent dans le dénuement le plus extrême, des problèmes sanitaires et une catastrophe environnementale qui condamne les générations futures à souffrir des mêmes maladies que leurs aînés.
Nous
demandons donc que les entreprises qui ont travaillé avec de l'amiante
ou qui continuent à le faire dans des pays du Tiers-Monde assument
également les coûts des atteintes à la santé et
à l'environnement qu'elles ont provoquées. Cette revendication
est inséparable de l'appui que la CES apporte à la lutte du
mouvement syndical international pour l'interdiction de l'amiante partout
dans le monde.
Jean LAPEYRE
Secrétaire Général adjoint
de la Confédération Européenne des Syndicats.
Bd du Roi Albert 115- B4210 Bruxelles